Qu’est-ce que la peur ?

La peur est l’une des 4 émotions primaires de l’être humain. Son rôle – essentiel- est de nous avertir de la présence d’un DANGER potentiel ou de nous préparer à affronter une situation menaçante (ou perçue comme telle). Elle est donc parfaitement légitime. L’enfant qui a peur a le droit de l’exprimer et a besoin d’être soutenu (oui, même s’il a peur d’une coccinelle…🐞)

A quel moment ressent-on de la peur ?

Dès lors qu’il s’agit de son instinct de sécurité, l’enfant peut ressentir de la peur dans les situations :

– qui lui sont inconnues,

– qu’il ne maitrise pas,

– ou qu’il a déjà vécu et dont le souvenir est désagréable.

La nature et l’intensité de la peur ressentie par l’enfant dépendent donc de son expérience de vie…

  • 👶 Le bébé (0-1 an) cherche à recréer inconsciemment le sentiment de sécurité interne qu’il a perdu en quittant le ventre de sa mère. Il a besoin d’une personne ressource rassurante et d’un portage contenant, pour limiter les sursauts et les pleurs liés à la perte du lien corporel.
  • 🧒 Le jeune enfant (1-4 ans), qui a compris que sa sécurité passe également par la prévisibilité de son environnement, peut être fortement inquiété par les changements dans son quotidien et par les éléments qu’il ne contrôle pas (orage, cris…).
  • 🧑 Le plus grand (5-10 ans), qui a conscience de l’importance de son entourage et de son rôle social, peut craindre d’être en danger, que sa famille soit malade, le regard que l’on porte sur lui… Il a accès aux médias (parfois sans filtre), ce qui ne fait qu’amplifier son sentiment d’impuissance.

MORALITÉ : Chaque peur est légitime et personnelle ! Il est primordial d’accompagner l’enfant dans la compréhension de ses peurs (qui ne sont pas les nôtres…). Si on minimise sans cesse la peur de l’enfant, comment pourra-t-il identifier, un jour, si besoin, qu’il est réellement en situation de danger… ? 🤷

Alors que faire ??

Petit mode d’emploi pour aider un enfant à surmonter sa peur. NB : on considère ici que l’enfant n’est pas en danger…

Cas n°1 : Si l’enfant sait parler 🧒

1️⃣ QUESTIONNER (comprendre la raison de la peur)

Exemple : 👉 « De quoi as-tu peur ? » J’ai peur de la mer 👉  » De quoi as-tu peur dans la mer ? » J’ai peur des oursins 👉 « Qu’est-ce qui te fait peur avec les oursins ? » Ça pique, j’ai peur d’avoir mal au pied…

2️⃣ MESURER la peur (comprendre l’intensité de la peur)

Petit exercice à faire avec votre enfant : tendez une main devant vous et mimez avec l’autre main 🖐️ :

« Tu montes un escalier (votre main). La première marche (l’auriculaire) c’est une petite inquiétude. La dernière marche (le pouce) c’est une grosse panique. Sur quelle marche se situe ta peur ? »

(Sachant que si c’est une vraie panique, votre enfant sera pâle, tremblant, hurlant, déjà parti ou déjà évanoui…😉)

3️⃣ Si c’est une petite inquiétude, RECENTRER l’enfant sur la situation réelle

Exemple : 👉 « Regarde autour de toi, que vois-tu, qu’entends-tu, que pourrais-tu toucher d’agréable ? Je vois un bateau, j’entends un oiseau et je peux toucher le sable. 👉 « Y a-t-il ici un oursin qui te fait mal au pied ? »

3️⃣bis. Si c’est une grosse « panique », RASSURER l’enfant

Le prendre dans vos bras (sécurité physique), l’éloigner de l’endroit qui fait peur (sécurité environnementale), lui dire que vous comprenez son problème (sécurité affective) et que vous allez l’aider à avoir moins peur (sécurité psychique).

Puis reprendre les points 1️⃣, 2️⃣ et 3️⃣.

4️⃣ Apprendre à l’enfant à RÉGULER sa peur :

  • Laisser l’enfant PROPOSER ses propres solutions :

Exemple : 👉 « La prochaine fois que tu rencontres cette situation qui te fait peur, comment pourras-tu faire pour avoir moins peur ? » Je pourrai me mettre dans un bateau, je pourrai enlever les oursins avec une pelle, je pourrai mettre des sandales…

  • L’aider à RELATIVISER sa peur, avant qu’elle n’apparaisse :

Exemple : 👉 « S’il y a un oursin, que se passera-t-il ? » Je vais marcher dessus. 👉 « Si tu marches dessus, que se passera-t-il ? » Je vais avoir des piquants sur les pieds. 👉 « Si tu as des piquants sur les pieds, que se passera-t-il ? » Je ne pourrai plus marcher. 👉 « Si tu ne peux plus marcher, que se passera-t-il ? » Tu devras me porter. 👉 « Si je te porte, que se passera-t-il ? » Tu seras tout.e mouillé.e, etc… Jusqu’à ce que l’enfant réalise que la situation n’est pas si épouvantable qu’il l’avait imaginé.

  • Apprendre à l’enfant des TECHNIQUES pour ne pas se laisser envahir par la peur, quand elle survient :

Exemple : Serrer un objet dans ses mains, compter ses doigts, s’éloigner un peu, se concentrer sur un bruit/une couleur, donner la main à quelqu’un, souffler comme pour éteindre une bougie…🧘

Cas n°2 : si l’enfant ne parle pas encore 👶 :

Aller directement à l’étape 3️⃣bis !

Les petites phrases perverses (à ne pas dire, donc) :

❌« Tu n’es pas un bébé ! » (Cela voudrait dire que la caractéristique d’un bébé est d’avoir peur ??🤔)

❌« Tu es un grand ! » (Cela voudrait dire que la caractéristique d’un grand est de ne pas avoir peur ??🤔)

❌« Mais non, ça ne fait pas peur ! » (Cela voudrait dire que vous savez mieux que votre enfant ce qu’il ressent à l’intérieur de lui ??🤔)

A retenir

La peur est une projection imaginaire à ne pas prendre à la légère, si l’on veut faire de nos enfants des adultes sereins. Il est important pour l’adulte de…

👍 Accepter la présence de la peur

🚫 Laisser toute la place à la peur

👍 Écouter la peur de l’enfant

🚫 Se moquer de l’enfant ou minimiser sa peur

👍Apprendre à l’enfant des stratégies pour identifier et réguler sa peur